30/04/2009
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Connaissant Eliane Larus depuis longtemps, je lui ai proposé de réaliser ce site. Il donne à voir des œuvres anciennes mais aussi plus récentes. Il comporte des textes rédigés par elle-même à différentes occasions — certains publiés, d’autres inédits —, ainsi que trois poèmes écrits par des enfants à l'occasion d’une exposition. On trouvera dans la partie A propos différentes informations pratiques dont l’adresse d’un livre illustré consacré au parcours d'Eliane Larus, édité en 1994, maintenant disponible sur l’Internet.
Les œuvres reproduites appartiennent à des collections publiques ou privées.
Michael Lecomte

Le Paradis - peinture relief sur bois – 180 x 154 cm - 1988
Mon premier souvenir d’une œuvre d’art est l’église de mon village natal dont le chœur roman conserve quelques chapiteaux aux têtes usées, sculptées dans la pierre blonde. Les statues naïvement décorées, les chants religieux, la lumière traversant les vitraux, tout me paraissait sublime et je ressentais confusément cette émotion particulière liée au beau et au sacré. J’avais cinq ou six ans.
Extrait d'un texte pour la revue Area - 2003


Le feu d’artifice - acrylique sur carton - 28 x 21,5 cm - 2005

Mur extérieur de la chapelle de la Garoupe - Antibes - 2000
Des terrains vagues aux territoires interdits, du mur usé à l’arbre meurtri, les dessins subsistent, témoins d’une enfance secrète et révolue.



Les visages décousus de Picasso et de Bacon, les figures-signes de Miro et de Paul Klee, les portraits élémentaires de Dubuffet, les figures griffées de Basquiat, ont laissé des cicatrices sur le visage qui est devenu l'un des témoins privilégiés de la difficulté d'être.
J’ai besoin de la figure humaine pour exprimer l’inconfort que je ressens dans une société constituée d’innombrables solitudes.
Il y a partout des visages qui hantent mon imagination : sur les écorces des arbres, les graffiti des murs, les taches sur le sol, et dans les carreaux de faux marbre des hôtels espagnols. Parfois je les dessine ; le plus souvent je me contente de les observer, ils surgissent de temps à autre de ma mémoire et j'en fais une tête mexicaine, un enfant au visage barbouillé, un portrait de quatre sous...
J'ai envie de raconter un monde fragile, vulnérable, où chacun peut se retrouver d'une manière intime. Mes visages sont traités à plat, comme des masques privés de volume, car je souhaite une distanciation. Le dessin est précis, je m'efforce de le dégager de l'anecdote par une étude formelle assez poussée. Je cherche à travers la figure une émotion première, fondamentale. L’authenticité des simples m’attire ; leur fragilité, leurs failles, me touchent profondément.
Une pensée me hante depuis longtemps : la perte de l’innocence. Je ne veux pas mes figures naïves mais innocentes.
Texte pour la Fondation Coffim, 1998

Catalogue du Salon de la Jeune Peinture - 1980

Enfant assis aux cheveux bouclés - acrylique sur bois découpé - 84 x 41 cm - 2007


L’orchestre des cigales accorde ses crécelles
Les vagues lèchent la plage
Un avion bourdonne derrière les nuages
La mer nourricière offre son ventre humide
Ma conscience se dilue dans son bleu marine.
Je rejoins sans pensée
Les girelles arc-en-ciel.
Aujourd’hui j’ai envie de vous parler de dessin. Non pas des dessins exécutés avec science et virtuosité, ceux-là, armés pour séduire, s’imposent d’eux-mêmes.
J’ai plutôt envie de vous parler du dessin élémentaire, celui dans lequel, en laissant vagabonder son imagination, on se libère pleinement. De quelques taches de salissures dues ou non au hasard surgissent des formes plus ou moins maîtrisées exprimant la singularité de chacun. Une sorte de vie à l’état brut se manifeste alors où la gaucherie devient liberté. Liberté qui n’empêche pas la réflexion plastique.
De mon côté, j’utilise une pointe de bambou et de l’encre de Chine sur des papiers de toutes origines : Canson maïs, amate mexicain, papiers recyclés, etc. Le dessin se suffit parfois à lui-même. A d’autres moments il appelle la couleur et peut être rehaussé à l’aquarelle, au pastel, ou même, lorsque je n’ai rien sous la main, avec des couleurs improvisées : fard à paupières, café, etc.
J’aime surtout faire ce que j’appelle des dessins de pénombre, vers la fin de la journée, lorsque la fatigue gagne et qu’il n’y a plus assez de lumière. Tout est à portée de ma main, le petit verre d’encre de Chine, les crayons, la boîte de pastels. J’entre en intimité avec moi-même : plus de gestes héroïques où l’on brasse l’air avec de grandes gifles de couleur, plus de corps à corps avec la matière. Enfin pacifiée, je me laisse aller à ces tracés légers, à ces taches vivantes : bonshommes et animaux, têtes sans corps, petites entités, lambeaux de forme, griffures agacées... Ma mémoire oubliée, tout vient simplement sans angoisse ; le geste est délivré, libre enfin ! C’est la grande paix du soir, l’oubli de toute crainte, de tout effort, moment privilégié des dessins intimes, des vraies confidences...
Le dessin n’est pas suffisamment apprécié par les collectionneurs, qui voient trop souvent en lui une forme d’expression secondaire tout juste bonne à l’ébauche d’une collection. Il est pourtant capital : c’est par lui que se perçoit le mieux le processus de la création. Il est le lieu véritable de la recherche. Une collection composée uniquement de dessins serait digne d’une grande estime.
Je crois que chacun de nous sait dessiner, et peut-être mieux encore ceux qui sont convaincus qu’ils ne peuvent pas. J’ai un jour demandé à ma mère —qui n’avait jusque-là formé que des chiffres et des lettres— de me faire un dessin et j’ai été bien étonnée par son bonhomme à l’arrosoir. Elle avait en toute innocence retrouvé l’idée principale du cubisme : un objet vu sous plusieurs angles à la fois. Ma mère n’a fait hélas que ce seul dessin.
(Tribune libre du mensuel Artistes, octobre 1996)

Chichicastenango : l’altitude est de 2 000 mètres, l’air très pur, on pourrait se croire dans les Alpes s’il n’y avait les cris des oiseaux exotiques, des dindons, les hurlements des chiens qui se battent et ces pétards énormes genre coup de canon, je n’ai pas encore compris ce que c’est... Enfer et Paradis...
Je viens de terminer mon repas, il est 19 h, on dîne très tôt et on se lève tôt ici : 7h du matin, mais à partir de 6h, beaucoup de bruit. Je passe devant l’église, il fait nuit, des braseros sont allumés par les Indiens pour se chauffer sur les marches qui sont noires de suie. Un homme encense le parvis en balançant une boîte de conserve percée remplie de morceaux de résine. Au pied des marches : la place du marché, quelques lampes à gaz, des braseros pour faire la cuisine. Les Indiens mangent à de grandes tables dans une atmosphère prenante, dorment par terre, serrés les uns contre les autres. (...) Au Mexique, dans les églises du Chiapas, assis sur le sol avec des bouteilles de Mescal et des boites de coca-cola, ils brûlent des offrandes, raccordent à leur manière les dieux des deux civilisations.
Le 12 juillet, à San Cristobal, je me trouve par hasard devant une église lorsque l’éclipse se produit. Quelques jeunes Indiens m’entourent, je leur apprends à se servir de mon filtre solaire. Ils crient, fascinés : “El sol y la luna ! El sol y la luna !”. Je me trouve vite assaillie par une trentaine d’adultes auxquels je prête mon filtre. Ils rient comme des enfants : je ne suis plus la gringa qui prend mais la gringa qui donne.

Le prisonnier - acrylique sur bois - 55 x 46 cm - 1989
J’aime les gens vrais et maladroits qui ne savent pas se défendre
J’aime me perdre dans les banlieues tristes
J’aime les émotions fortes et l’aventure
J’aime prendre des risques mais je n’en prends pas assez
J’aimerais aller partout mais c’est impossible
J’aime les objets anthropomorphiques
Je n’aime pas les gens toujours malades, toujours tristes, toujours à court d’argent
Je n’aime pas les gens jamais malades, toujours gais, qui réussissent tout ce qu’ils font
J’aime le bois usé par le vent quand il devient gris argenté
J’aime les chats et les chiens et mon chat Chiquito qui a une belle tête avec un nez large de petit lion
J’aime cette phrase de Guitry : « Je l’aime beaucoup, et pourtant c’est un vieil ami ! »
J’aime Ben qui m’a donné l’idée de dire ce que j’aime
Je suis obsédée par cette phrase de mon enfance : « Pourrait mieux faire ».


L’école buissonnière - acrylique sur carton - 50 x 50 cm - 2001
Je crois que ma peinture n’est ni joyeuse ni triste : elle tente surtout d’exprimer la vie. C’est une combinaison étroite entre le grave et le ludique, et, techniquement, entre le brut et le raffiné, entre le faire et le défaire.
J’ai besoin de la figure humaine pour exprimer l’inconfort que je ressens dans une société constituée d’innombrables solitudes.
A propos des portraits, je n’ai pas le souci du réalisme ; au contraire, j’ai besoin de prendre du recul, de tout transformer. Les visages sont traités à plat, comme des masques privés de volume. Je cherche une distanciation. Le dessin est précis, je m’efforce de le dégager de l’anecdote par une étude formelle assez poussée. Je travaille sur des matériaux divers : bois, carton, altuglas, verre, tôle, résine et autres supports de hasard. Cela peut paraître risqué, sujet à dispersion. Pour moi, c’est une stimulation : chaque matériau nouveau excite ma curiosité, me permet d’aller plus loin vers quelque chose d’autre.
Je suis allée vers la découpe pour sortir des formats établis et découvrir un autre espace. Le bois me paraît plus vivant que la toile apprêtée ; on peut le percer, jouer avec le relief, le gratter au couteau, faire des ajouts avec la résine qui se soude aux fibres.
Les bois découpés sur socle présentent toujours une double face : face positive colorée en relief, face négative peinte sur fond noir, au dessin et couleurs rudimentaires. On pourrait y voir l’ambiguïté, la dualité primitive du tragique et du comique, de l’ombre et de la lumière. Le but essentiel étant pour moi de communiquer une émotion immédiate. J’aime ce qui est ludique et excessif. Le rationnel et le rigoureux m’ennuient. J’envie la liberté des fous et le génie inconscient de l’enfant.
Extrait de Eliane Larus art transit, Editions Fus-art - 1991


Mon intérêt pour le Mexique remonte à l’adolescence. Je revois ce jeune professeur d’espagnol parler avec passion de la Conquête, de Moctezuma, du serpent à plumes Quetzalcóatl. Déjà la magie des mots nous entraînait vers un monde fabuleux et inaccessible.
L’imagination a sublimé ce rêve de paradis perdu, mais la réalité a été la plus forte lorsqu’en 1985 la terre a tremblé à Mexico. Des images ont alors surgi, images de civilisations oubliées, de dieux ressuscités, que j’ai tenté d’évoquer dans une peinture de grand format intitulée Mexico, en hommage à une ville que je ne connaissais pas.
Le voyage est une espèce de porte par où l’on sort de la réalité comme pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve, a écrit Guy de Maupassant. Lasse de l’intellectualisme parisien, j’aspirais à rencontrer une forme d’irrationnel, un imaginaire plus proche de ma recherche picturale. Je l’ai trouvée dans la diversité des formes d’art que ce pays m’a offerts. L’invention et la puissance des arts précolombiens, l’humour et la poésie des arts populaires, l’harmonie majestueuse de l’art colonial, et surtout ce que j’ai vécu là-bas, ont enrichi ma folie ordinaire.
J’ai ressenti une sorte d’élan primitif dans la peinture des jeunes peintres mexicains —chez Sergio Hernandez en particulier—, cherchant aux sources de leur culture la puissance d’un imaginaire plein de vitalité.
Au Mexique la poésie est partout chez elle. En écoutant les tambours des jeunes danseurs en jeans du Zocalo à Mexico, on est pris par une émotion indicible et insolite : le temps s’arrête enfin et l’on reçoit, comme une offrande, un souffle d’éternité.


J’aimerais frapper à la porte de la mort
comme une enfant espiègle
se moque d’une vieille femme laide et méchante.
J’aimerais entendre ses craquements infernaux
et m’enfuir comme cette petite fille insolente et rieuse
qui porte au col de sa veste un petit squelette
de plomb au chapeau bleu.
Mexico - 1991
Le mauvais élève - acrylique sur carton - 100 x 65 cm - 1989
L’éducation artistique a plus d’importance qu’on ne le croit dans le développement psychologique de l’enfant. A travers ma propre expérience d’animation d’ateliers d’arts plastiques, j’ai pu constater qu’un élève qui rencontre des difficultés scolaires peut, grâce aux différentes formes d’expression qui lui sont proposées, exprimer ses sentiments profonds et libérer son imagination. Sa vraie personnalité, souvent brimée par ailleurs, parce qu’il se sait mauvais élève, se révèle alors et il reprend confiance en lui.
L’art s’exprime très différemment à travers le cinéma, la musique, le théâtre, la danse et les arts plastiques. Le cinéma et la musique de variété atteignent toutes les classes sociales. La musique dite classique, le théâtre, les arts plastiques et l’art contemporain en particulier ne touchent qu’une minorité. On peut regretter que l’expression artistique soit limitée à son origine géographique ou sociale : le rap pour la banlieue, la musique folklorique dans les régions. La peinture est délaissée dès l’arrivée au collège. On doit cependant reconnaître les efforts faits par les petites municipalités qui, depuis quelques années, invitent des artistes de toutes disciplines dans les milieux scolaires et organisent des manifestations qui attirent un large public.
Un enseignement idéal se présenterait sous forme d’ateliers divers : arts plastiques, photo, musique, théâtre, etc. L’expérience proposée par Gérard Garouste à l’association “La Source” en est l’illustration. Par ailleurs, des initiatives comme celle du chef d’orchestre Jean-Claude Casadessus dans la région de Lille ont démontré que l’initiation à la musique classique dans les écoles primaires rencontre un réel intérêt auprès des enfants. On peut même dire qu’elle les passionne. A la suite de cette rencontre, beaucoup jouent d’un instrument, assistent aux concerts et y entraînent leurs parents. La délinquance baisse car cette initiation pour tous, respectant la culture de chacun, permet l’intégration et fait accéder les couches sociales défavorisées à cette fameuse culture des nantis.
Des initiatives de ce genre pourraient être développées partout en France et à travers toutes les disciplines artistiques.
Texte pour la Fondation Coffim - 2000


Considérés comme des couleurs à part entière en peinture, le noir et le blanc sont utilisés pour symboliser une dualité totale en même temps qu’une complémentarité idéale, donc un absolu. D’ordinaire c’est le noir qui construit le dessin et affirme les lignes. Il évoque ce qui est nocturne, secret, insolite, voire dramatique et mystérieux.
Le blanc met en lumière.
Les gris adoucissent les contrastes et enrichissent de leurs nuances subtiles la matière picturale. Il existe une possibilité infinie de gris colorés.

A gauche : Arbre de Pinocchio - bois gravé et peint - 190 x 41 cm - 1994
A droite : Arbre à l’homme qui fume - bois gravé et peint - 148 x 60 cm - 1994
Les arbres de Tarragone
Dans cette rue de la banlieue de Tarragone la chaleur est sèche ce jour d’août 1993. Un allée de beaux arbres argentés apporte un peu d’ombre. On s’y rafraîchit. L’écorce de leur tronc est nacrée comme l’intérieur d’un coquillage. Le regard, d’abord séduit par la suavité de la couleur, s’accroche bientôt aux formes qu’il découvre. Des écailles dessinent des taches irrégulières. Des boursouflures, des entailles et divers accidents et meurtrissures génèrent un monde invisible à première vue : initiales gravées au canif, cœurs fendus prisonniers de l’écorce blessée, gestes furtifs et maladroits d’amours adolescentes, rituels enfantins et graves, secrets dérisoires.
L’imagination entre alors en jeu et continue le travail de la nature. Regard intérieur, affectif, mais aussi plastique, qui va décoder messages et cicatrices naturelles, les métamorphoser pour raconter sa propre histoire où personnages et paysages s’ordonneront selon la fantaisie de l’écorce. Il s’agit à présent de trouver un nouveau support (ce seront des planches vieillies par les intempéries) pour recréer la poésie inscrite sur les álamos blancos.

Tête orientale - pastel à l’huile et acrylique sur linoléum usé - 53 x 26 cm - 1989
Ce qui, paradoxalement, protège ce bout de terre, se sont les avions qui régulièrement traversent son ciel (Orly est tout proche).
Cette région est couturée de chemins ruraux bordés de panneaux « Interdit sauf véhicules agricoles ». Un jour gris d’automne, bravant l’interdit, je parcours en voiture un de ces chemins choisi au hasard. Il se termine par un verger abandonné. Les herbes y poussent haut, entourant une maisonnette cachée par des pommiers. Les raisins d’une vigne accrochée aux barbelés n’ont pas été cueillis. La porte de la maisonnette est grande ouverte. A l’intérieur, des traces de vie subsistent : vieux journaux, outils rouillés, placards abandonnés aux souris. Des lupins fanés entourent cette minuscule maison. Un puits naïf en fausses briques complète le décor.
Explorant tous les recoins du verger, je découvre bientôt une étroite et pauvre construction arrêtée à hauteur d’homme et encombrée de bidons rouillés, de vêtements défraîchis et autres objets indéfinissables. Un matériau insolite, que la nature est en train de conquérir, recouvre les murs de cette misérable cabane : matériau malléable, inconnu à mes yeux, couvert d’écailles de différentes couleurs, vieux roses, gris teintés, verts tendres…
Il s’agit en fait de couches de linoléum usé qui ont subi la morsure du soleil et les pluies de plusieurs décennies.
Ce lino défraîchi, constitué principalement de feutre, se laisse arracher en douceur. Fascinée, j’en découpe, en tirant dessus sans effort, des lambeaux dont les formes sont dues autant à ma volonté qu’au hasard. Un monde caché, un peu angoissant, se dévoile alors à mes yeux. Des insectes et autres petites créatures ont établi leur royaume entre les feuilles de lino : araignées opales, guêpes endormies et même gros frelons hibernent là, attendant patiemment le retour des beaux jours.
Les strates de linoléum sont de deux sortes : l’une fait penser à un vieux mur moussu, l’autre, d’un brun délavé, rappelle curieusement l’écorce d’un arbre.
Rentrée dans l’atelier, je me mets à travailler, principalement au pastel, sur les deux espèces. Cela aboutira deux ans plus tard à une exposition dans la galerie de la rue de Charonne. Comme cette modeste cabane est perdue au milieu des champ, et en hommage aux multiples vies minuscules et cachées qu’elle abrite, le titre de cette exposition sera : « Maisons secrètes ».
Extrait d’une lettre - 1991
Cabanes dérisoires de bois et de linoléum
découvertes au hasard des dimanches
Les insectes s’y cachent pour tisser leur cocon :
araignées pensives, frelons endormis,
guêpes frileuses, cloportes besogneux...
Pardon d’avoir un jour d’automne
violé vos territoires, détruit vos nids
pour les faire vivre ailleurs
en d’autres lieux ou la nature a perdu ses droits.
Vengeances inavouées de mes peurs enfantines ?
Lambeau de linoléum au ciel morcelé,
l’araignée couturière a blanchi tes bordures
mon fusain y dépose sa semence noire
le pastel effleure ta peau granulée,
abandonne son pollen au creux des cicatrices.
L’hélicoptère survole la campagne,
gros bourdon métallique prédateur de rêves
Le jardin endormi a fané mes couleurs.
Extrait de Eliane Larus Maisons secrètes, Editions Area - 1990


un hélico, au-dessus d’un ruisseau
tempétueux et bleu
sortant d’une montagne verte et rouge.
Rouge est le bonhomme de la rive droite
qui joue avec son chat
et le chien les surveille.
Dans le ciel jaune un hélico vole.
La dame aux cheveux frisés
et aux grosses lèvres rouges
regarde l’homme qui court vers le bas du tableau
vers la signature de l’artiste
qui a peint l’hélico
Louise Thézard - 13 ans


Paysage à la marelle - acrylique sur bois - 100 x 100 cm - 1991
La marelle
Jeu enfantin drôle et amusant
on en rit, on en pleure, on en rêve.
Pressé d’aller au ciel,
on ramasse le caillou, on revient
Un commence, les quatre autres regardent,
Plus haut une caverne les attend
un drôle d’animal garde l’entrée
Dans le ciel bleu se tient un renne.
Ces personnes sans oreilles, ces animaux sans queue,
ce ciel intouchable, ce renne, ce loup, si sauvages,
cœur de pierre, marelle imaginaire et rêveuse.
Emeline Fouquet-Métivier - 14 ans


Famille aux chiens
sont obligés d’aller au restaurant,
pour déguster des oies,
qui ne viennent pas du soleil levant,
mais d’un pays très riche.
Ces chiens qui ne sont pas des caniches
se dandinent devant les serveurs
stupéfaits par leur comportement.
Le fils d’un des serveurs
est terrorisé par un de ces bergers allemands
mais sa maman
voulant réconforter cet enfant
trébuche à cause d’un pied de table en bois
et fait tellement peur au petit garçon
qu’il sort en courant du restaurant

André Morain
Eunice Chao
Philippe Perez Castaño
Alexis Lecomte

adresse email de Michael Lecomte : m.lecomte@noos.fr
adresse email d'Eliane Larus : larus@noos.fr
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